Éveiller sa propre conscience

La "Mémoire" suffit-elle pour une démarche vers la "fraternité" afin que cessent les guerres ?

Hommage aux fusillés du bois du Thouraud

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Abri des maquisards dans les bois du Thouraud

Préambule

En Creuse, comme partout sur notre territoire, il y eut de nombreux faits de résistance, et tous méritent le respect et imposent la reconnaissance. L'un des plus émouvants fut peut-être celui qui coûta la vie à sept jeunes garçons, odieusement dénoncés par des traîtres et massacrés par les nazis, au bois du Thouraud, près de Maisonnisses, le 07 septembre 1943. Ecrivain d'origine creusoise, agrégée de l'Université, Michèle LAFOREST leur rend hommage à sa façon dans le livre "La Clairière" qui fut son premier roman :

"En ce qui concerne les événements liés au bois du Thouraud proprement dit, j'ai eu recours à la fiction. Pour maîtriser mon récit, j'ai réduit le nombre des personnages à quatre et situé parfois les lieux dans des endroits qui m'étaient connus ou familiers. L'éditeur m'a permis d'ajouter cette postface et de remplir par là un devoir qui me tient à cœur : celui de préciser la réalité historique et de rendre hommage à tous ces garçons dont je n'ai pas parlé. Car ils n'étaient pas quatre, mais beaucoup plus :

Sept d'entre eux furent tués sur place. Voici leurs noms : John-Alan COLOMB, Roger JANVIER, Jacques NOUHAUD, Gabriel BRUNET, Georges CAVARNIER, Jean-Pierre MAITRE-ALLAIN, Bernard VERBEK.
Huit autres furent déportés : Emile AUREIX, Henri POLLET, Robert van den EDEN, Henri JULLIEN, André VINCENT, Marcel DUBREUIL, Marcel GUISARD, Roger RICHE. Seuls les trois derniers revinrent des camps. »
 

Poème

Ils s'appelaient Roger, Gabriel et Jean-Pierre,
Georges, Jacques, Bernard, et encore John-Alan,
Ils furent massacrés par les hordes d'Hitler
Dans ce bois du Thouraud où leur souvenir plane.

Sous la botte de l'occupant
Et du nazisme triomphant
Notre pays dépérissait,
S'éteignait, et se mourait,
Quand
Des garçons à la fleur de l'âge
Pleins d'enthousiasme et de courage
Entreprirent sans hésiter
De résister.

Ils s'appelaient Roger, Gabriel et Jean-Pierre,
Georges, Jacques, Bernard, et encore John-Alan…

Entrés dans le maquis creusois,
Retranchés aux fins fonds des bois,
Ces jeunes et hardis réfractaires
Dans l'action s'engagèrent
Et,
Faisant fi de l'avenir sombre
Promis aux combattants de l'ombre,
S'opposèrent d'un seul élan
A l'Allemand.

Ils s'appelaient Roger, Gabriel et Jean-Pierre,
Georges, Jacques, Bernard, et encore John-Alan…

En pleine forêt ils creusèrent
Dans le tuf, près d'une clairière,
Le trou qui allait devenir
Leur tombe de martyr
Car
Des miliciens, fieffés salauds,
De méprisables collabos
Livrèrent ce précaire abri
A l'ennemi.

Prenez garde Roger, Gabriel et Jean-Pierre,
Georges, Jacques, Bernard, et encore John-Alan...

Afin que nul ne lui échappe,
La Wehrmacht encercla la sape (1)
Et le sol épongea le sang
Des courageux résistants
Dont
Sept s'écroulèrent, fusillés.
Les huit autres, faits prisonniers,
Furent déportés dans les bagnes
D'Allemagne.

Hommage à vous Roger, Gabriel et Jean-Pierre,
Georges, Jacques, Bernard, et encore John-Alan…

Cependant qu'officiaient les traîtres,
Que tuaient, massacraient les reîtres,
Maintes victimes innocentes
Mouraient dans l'épouvante
Mais
Le maquis, bientôt, s'imposa,
Luttant afin que l'on brisât
Les liens serviles dont la France
Se délivra.

Vous nous parlez Roger, Gabriel et Jean-Pierre,
Georges, Jacques, Bernard, et encore John-Alan…

Un peu partout de par le monde
Sévit encore la bête immonde
Pourvoyeuse liberticide
De guerres, de génocides.
Rien
N'a vraiment changé, tout perdure,
Souffrances, crimes et tortures,
Dans maints pays on extermine,
On assassine.

Ils s'appelaient Roger, Gabriel et Jean-Pierre,
Georges, Jacques, Bernard, et encore John-Alan,

Ils furent massacrés par les hordes d'HITLER
Dans ce bois du Thouraud où leur souvenir plane…
 

Jean-Michel AUXIÈTRE


(1) La sape : Le petit abri qu'avaient creusé les jeunes maquisards pour se cacher et observer.
 

Les déportés

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Une femme portant l'étoile des Juifs avec un enfant à Berlin

Préambule

L'horreur des déportations est imprimée dans toutes les mémoires, et les termes "holocauste", "Shoah", "solution finale", suscitent de profondes réactions de dégoût. S'il faut savoir pardonner, il serait lâche de se taire et de tout oublier. Les générations futures doivent savoir ce qu'étaient les camps de la mort, précisément pour qu'il n'y en ait plus. Des gens de toute nationalité, de toute condition sociale et de toute confession furent victimes de la barbarie nazie, mais les Juifs occupèrent une place de choix dans ce génocide programmé dont la seule évocation suffit à soulever le cœur. 

S'il ne connut pas lui-même la déportation, l'écrivain juif Lionel ROCHEMAN, également musicologue, compositeur et comédien fut, comme tous ses coreligionnaires, pourchassé par les nazis. Bon nombre de ses amis et membres de sa famille périrent dans des camps d'extermination.

Voici son témoignage :

"En 1942, j'ai arboré l'étoile jaune, ce qui m'a valu les remontrances d'un jeune doriotiste en uniforme. Je m'étais fait inscrire sur la liste des enfants autorisés par les Allemands à aller en vacances en zone occupée, car non seulement nous n'avions pas le droit de voyager, mais même l'accès des gares nous était interdit. C'est ainsi que j'arrivai en Creuse…
L'année suivante (43-44), nous sentant traqués, ma sœur et moi avons décidé qu'il fallait nous planquer. D'abord le Limousin et la Dordogne, puis le maquis en Creuse et en Corrèze. Après le maquis, j'ai repris mes études et ai intégré la Sorbonne en Philo grâce à un prof, Marc-André BLOCH, lui-même réfugié guérétois, père de Jacques BLOCH, héros de la Résistance en Creuse, déporté à Buchenwald et cousin germain du célèbre historien Marc BLOCH, lui-même résistant et réfugié en Creuse avant d'être assassiné par les nazis ou la milice. Je suis membre notamment des Fils et Filles des Déportés Juifs de France et de Judaïsme et Liberté."

Poème

Ils étaient rassemblés sur le vaste parvis.
Ils avaient à la hâte bouclé quelques valises
Et quelques baluchons.
Les soldats, impatients, les poussaient du fusil,
Les pressant d'avancer vers la terre promise,
Au-delà des wagons.

Certains d'entre eux portaient, cousu sur leur pourpoint,
Le sceau de l'infamie – la tare, l'étoile jaune –
Et ce phare aveuglant
Que les yeux des vainqueurs apercevaient de loin
Se transformait parfois, sans que nul ne s'étonne,
En virion sanglant.

Là où hier encore s'entassaient les bestiaux,
S'entassaient aujourd'hui, comme des bêtes humaines,
Ces êtres méprisés.
Et les trains surchargés convoyaient les troupeaux
En des lieux d'enfer où, victimes de la haine,
On les martyrisait.

Avez-vous vu ces yeux qui regardent la mort ?
Avez-vous vu ces corps décharnés, ces squelettes
Et ces agonisants ?
C'est la guerre ; Monsieur ! Donc, pas trop de remords !
Trinquons à la victoire en nous cachant la tête
Sous l'aile, en attendant.

Quand serons-nous enfin aptes à garder raison ?
Depuis la nuit des temps se déroule une Histoire
Constellée de tueries.
Qu'avons-nous besoin de fabriquer des canons,
Des engins de torture et des fours crématoires,
Ultime barbarie !

Le sage, en évoquant l'holocauste affligeant
Qui précipita dans l'horreur notre vieux monde,
Le sage peut rêver…
Que désormais rien ne sera plus comme avant
Et que c'en est fini des massacres immondes
De tous les déportés.

Ils étaient rassemblés sur le vaste parvis.
Ils avaient à la hâte bouclé quelques valises
Et quelques baluchons.
Les soldats, impatients, les poussaient du fusil,
Les pressant d'avancer vers la terre promise,
Au-delà des wagons.

Jean Michel AUXIÈTRE

Illustrations

Quelques symbolisations de monuments aux morts, et quelques œuvres d'art en Creuse

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Gentioux-Pigerolles (23), l’écolier au poing levé et l’inscription « Maudite soit la guerre »
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Sainte-Feyre-la-Montagne (23), la colombe
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Petites grues déposées à Gentioux-Pigerolles (23) (Légende des mille grues)
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Guéret (23), la Creusoise éplorée
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Guernica de PICASSO à Crocq (23)

Les enfants dans les pays en guerre

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Quelques chiffres extraits de la Lettre de la Solidarité Laïque (4ème trimestre 2016)
Livret
« Stop aux idées reçues sur les enfants et personnes migrantes » ; http://www.solidarite-laique.org 

Web-séries 
 « L'obligation de scolarisation des enfants » https://www.facebook.com/solidarite.laique/videos/1734655596623391/ 
« Protéger le droit à l'éducation, c'est protéger les enfants » https://www.facebook.com/solidarite.laique/videos/1734666559955628/

 
Domaine d’intervention du Défenseur des droits de l’enfant : https://defenseurdesdroits.fr